Au cours d’un voyage à Haïti dans le cadre de ses fonctions au ministère de l’Éducation nationale, le narrateur (très proche de l’auteur, comme toujours dans les livres de Lionel-Édouard Martin), entre mission officielle et moments de loisirs, « reste connecté », comme on dit, grâce à son téléphone portable, avec sa mère, et aussi avec une quasi-inconnue, Clara-Lise, avec laquelle il échange des SMS fort littéraires.

Entre le siège de l’UFUP (Union francophone ultramarine et pangéenne) près de la porte de La Muette, le domicile parisien du narrateur, la maison de sa vieille mère, en province, et les divers lieux où sa mission exige sa présence, un « réseau de communication » se crée, partagé entre SMS et conversations, où les événements et les non-événements de l’île trouvent leur place.
Au passage, Lionel-Édouard Martin ne manque pas d’égratigner quelque peu notre représentation diplomatique, le gouvernement (?) de l’île ravagée par la pauvreté et l’incurie généralisée.

Ce qui fait là encore la beauté de ce livre de Lionel-Édouard, c’est le côtoiement d’un style superbement classique, pimenté par d’étonnantes « intrusions d’auteur », le tout au service d’idées rarement émises et de réflexions que la modernité fait naître.

La Muette, ici, vient en outre filer la métaphore sur l’incommunicabilité et le silence général vers quoi, peut-être, comme le craignait à son heure George Steiner, tendent les livres, et la littérature en général.