Partage de l’infini
Ramy Khalil Zein
C’est de paix que nous parle Ramy Khalil Zein.
Et même si le quotidien d’une famille palestinienne dans les territoires occupés semble fait le plus souvent d’humiliations, de violences et de peur, le livre pose une question qui recèle en elle-même le début d’un espoir : comment vivre avec l’autre ? L’autre, celui qui, à coup d’implantations et de harcèlements de toutes sortes rend la vie difficile, voire impossible. D’un côté, une famille palestinienne, meurtrie dans sa chair, deux fils martyrs, une fiancée restée seule, un père qui meurt de chagrin, une mère émouvante et tragique, de l’autre deux frères israéliens que tout oppose. Le premier, soldat engagé, le second militant dans un mouvement pacifiste. Au centre de tout, la terre, une terre, celle qui sépare, celle qu’on se dispute, dans une spirale de violence toujours recommencée.
De ces chemins particuliers à chacun, de ces destins pourrait-on dire, qui, et c’est la force romanesque de ce récit, vont s’entrecroiser, Ramy Khalil Zein tisse une histoire dans l’Histoire, sans grandiloquence, sans parti pris, avec toujours une justesse de ton qui nous mène lentement à la seule interrogation fondamentale : Qu’est-ce qu’un ennemi ? Est-il si différent de nous ? Peut-on, à un moment, le considérer comme un semblable ? Et nous revenons à la phrase de Henry Wadsworth Longfellow qui ouvre ce beau livre : Si nous pouvions lire l’histoire secrète de nos ennemis, nous trouverions dans la vie de chaque homme un chagrin et une souffrance suffisants pour désarmer toute hostilité.