Les Forçats de la route

Albert Londres

Livre épuisé

Ce reportage mythique, dans lequel Albert Londres rend hommage aux « géants » du Tour de France, reste une des références obligées de la littérature sportive.
C’est la « grande boucle » de 1924 qui est ici superbement racontée, avec ses exploits, ses souffrances et ses drames.

Image de couverture de Les Forçats de la route
Collection : Arléa-Poche
Numéro dans la collection : 128
mai 2008
72 pages - 6 €
Dimensions : 11 x 18 cm
ISBN : 9782869598195
9782869598195

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Les Forçats de la route

Albert Londres

– Va trouver ton masseur, il te fera des tendons...
Écoute, mon petit gars, as-tu du coeur ?
– Oui, mais je n’ai plus de tendons...
– Ne pense pas à ça, pense à ton succès, à ton nom sur les grands journaux de Paris, à la fanfare de ton pays natal qui viendra te chercher à la gare
si tu finis le Tour.
– Mais, bon Dieu, monsieur Baugé, puisque je vous dis...
– Oui, tu me dis que tu n’as plus de tendons...
C’est entendu... Et bien ! alors, fais-toi croque-mort et non coureur cycliste, tu m’entends, adieu !
Ensuite, ce fut Luchon. Les garçons y arrivèrent dans un état de fraîcheur voisin de la décomposition.
Ils allèrent au bain. Ils passèrent à table :
– Croyez-vous, disaient-ils, que c’est un métier ?
Baugé montra son nez :
– Ce n’est pas un métier, c’est une mission.
– Notre mission, dit Collé, c’est d’être avec nos femmes, et non de faire le « rameur ».
– Votre femme, répond Baugé, c’est votre bicyclette.
Tiberghien, dans son pyjama beige à col de soie, assura que la bicyclette n’avait rien à voir avec la femme.
Beaugé reprenait déjà :
– Si c’est un métier, quel beau métier !... Cela ne vous fait peut-être rien d’entendre pendant un mois toute la France crier : « Alavoine ! Thys ! Sellier !
Mottiat ! Bellenger ! Jacquinot ! », etc.