Bacalao

Nicolas Cano

Le nouveau ouvrit son sac et sortit son exemplaire de La Princesse de Clèves qu’il posa sur la table, puis il étendit ses jambes et se mit à regarder Vincent, la bouche entrouverte.

Vincent Bergès est professeur de lettres dans une école privée. Avec le temps, il s’est habitué aux sortilèges de ceux que son amie Hélène appelle ses garçons à risque.

Mais lorsque Ayrton fait irruption dans la salle de classe, Vincent comprend qu’il va souffrir.
Commence alors une étrange histoire de fascination et de désir. Mais celui qui décide n’est pas celui qu’on croit.

Ayrton, avec sa passion du foot, ses mouvements d’humeur et son naturel désarmant, va bouleverser la vie trop réglée de Vincent, jusqu’à l’entraîner à Madère, son île natale, pour les vacances de la Toussaint. Mais l’éloignement, le soleil et la mer ne suffiront pas à préserver la pureté de cette rencontre.

Vincent tombera-t-il dans le désarroi de Mme de Clèves, dont chaque année il commente la grandeur du renoncement ?

Image de couverture de Bacalao
Collection : 1er Mille
août 2010
144 pages - 15.5 €
Dimensions : 13 x 19 cm
ISBN : 9782869599093
9782869599093

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Bacalao

Nicolas Cano

Il faisait beau ce jour-là. C’était l’avant-dernier mardi de l’été. A l’intercours de quatre heures, Hélène, sa collègue de sciences-éco l’avait vu de loin dans le grand couloir. Elle avait mis ses mains en porte-voix et avait crié : « C’est la guerre, Vincent ! »
Sur le moment, il avait imaginé qu’elle venait d’ouvrir les hostilités contre le père supérieur, puis il n’y avait plus pensé et avait rejoint sa classe de seconde ES.
Les élèves étaient en train de s’installer quand, brusquement, un nouveau décida d’annexer une place côté fenêtre. Il jeta son sac à dos sur la table et donna un coup d’épaule à Maxime Caylus.
 Allez, dégage ! dit-il.
Maxime ramassa son sac sans broncher et s’installa derrière, à côté de Marine Larrieu et d’Elodie Delorme, tandis que le nouveau prenait ses aises au premier rang. Il s’appelait Ayrton Ribeira et avait intégré l’école la veille. Vincent avait bien vu que ce garçon était attirant, mais il avait noté ça distraitement, sans plus. Avec le temps, il s’était habitué aux sortilèges de ceux qu’Hélène appelait ses garçons à risque. Quand l’un d’eux dérobait un peu de sol sous ses pieds, les lois de la gravité rétablissaient sa course et, malgré l’attraction exercée par le corps de l’objet, il pouvait continuer de traverser la cour sans qu’il n’y parût rien. Dans un sens, c’était une chance que les garçons robustes rendent la moindre tentative hasardeuse. Il lui arrivait de penser que les lois des hommes ne l’auraient peut-être pas gardé de lui-même s’il avait eu le goût des enfants ou des jeunes filles fragiles.