Rose Hanoï

Rencontres avec la couleur

Serge Airoldi

La couleur est le lieu où notre cerveau et l’univers se rencontrent, assure Cézanne.

Tout est couleur. Et nous avons chacun les nôtres. Ce livre en est la preuve, fruit de la rencontre multiple avec les couleurs, avec ce qui nous les révèle et nous les fait aimer.

Tout commence par une renoncule dite Rose Hanoï à cause de la subtilité et la tendresse de ses nuances, puis se poursuit par une lecture, un tableau, une scène de l’intime, un film… Tout est prétexte pour que Serge Airoldi nous raconte, par le prisme des couleurs, l’histoire de l’Histoire, qui est aussi l’histoire de nos histoires, de nos errances, de nos passions en passant du détail le plus insolite à la mythologie, ou de l’art culinaire aux poètes grecs.

Fascinantes miscellanées prises dans le tourbillon de la vie tel que le chantait Jeanne Moreau, avec la même gaieté et la même joyeuse mélancolie.

Prix Henri de Régnier 2017, de l’Académie française.

Image de couverture de Rose Hanoï
Collection : La rencontre
janvier 2017
320 pages - 20 €
Dimensions : 12,5 x 20,5 cm
ISBN : 9782363081254
9782363081254

Lire un extrait

Rose Hanoï

Serge Airoldi

Couleurs dans un paysage de couleurs. On passe. C’est ce qui reste peut-être.

Elisabeth II, selon les gazettes spécialisées, préférerait le jaune. Le jaune par-dessus tout.

Dans son Autobiographie, le huitième jour de janvier 1904, Mark Twain écrit une de ses dictées qui nourriront le corps du projet en question ; il écrit à Florence, dans la Villa di Quarto de Cosme 1er de Médicis et propriété de la comtesse Massiglia au moment où l’écrivain y séjourne. Twain dresse l’inventaire des pièces, du mobilier, des couleurs. Dans l’entrée, il s’émerveille devant un grand poêle en majolique verte qu’il prend pour une église. Mais il n’épargne pas son hôtesse, critiquant vertement « le système bon marché et avaricieux de sonnettes électriques, les lampes à acétylène peu fonctionnelles, les toilettes obsolètes, la douzaine de meubles pour pension fabriqués en usine et quelques tapis achetés aux enchères après un incendie qui blasphèment les normes de l’art et de la couleur, du matin au soir, et se calment seulement quand les ténèbres viennent les pacifier ».
Dans le palais, Twain débusque encore, parmi ce qui nourrit son petit musée des horreurs, un papier peint gris pâle à motif de fleurs d’or dont il ne veut rien savoir du pedigree de celui « qui en porte la responsabilité ». Le reste de la décoration de la pièce « est de toute évidence le résultat de l’occupation par la princesse Massiglia ». Twain voit rouge : « Ses dissonances et ses désordres tapageurs ont manifestement pour origine un esprit chaotique. Le sol est recouvert d’une garniture d’un rouge épuisant ressemblant à du feutre, on peut presque voir l’armée de Pharaon y patauger. Quatre tapis y ont été jetés, pareils à des îles, des tapis criards dont les couleurs jurent entre elles et avec la mer Rouge. »
Twain s’agace aussi contre « le délire de vert, de bleu, de sang d’un canapé, de la teinte infernale fraise écrasée » d’un autre. Oublions la littérature que contient la bibliothèque en noyer blanc américain. Et voyons cette couleur jaune qui agresse maintenant l’écrivain. Il s’arrête devant le tableau impossible : « Ces rideaux ont un air de fierté ostentatoire qui ne trompe personne (...) La couleur en est un jaune compact, plus profond que le jaune des murs de la partie arrière ; et il y a là une chose curieuse : on peut passer cinquante fois le regard d’une de ces couleurs à l’autre, et, à chaque fois, on pensera que celle que l’on regarde est la plus laide. Il y a là un effet des plus curieux et intéressant. Je crois que si l’on pouvait regarder ces rideaux sans passion, on s’apercevrait alors qu’ensemble ils présentent la couleur la plus laide que l’art ait connue. »

Je ne tolère pas la présence de roses jaunes, avoue Truman Capote dans une interview donnée en 1957 à Paris Review.

Elisabeth II préférerait donc le jaune. C’est ainsi. Victoria, sa grand-mère, on le sait, vivait dissimulée, retirée du monde après la mort d’Albert, son mari. Dans le noir.

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