Mes petits chéris

Lettres inédites et délicieuses à ses enfants

Rudyard Kipling

Choisies présentées et traduites de l’anglais par Thierry Gillybœuf

Souvent réduit à un simple auteur pour la jeunesse ou bien à un chantre du colonialisme et de la morale, ces lettres à ses enfants montrent un Rudyard Kipling débordant d’amour et d’humour.
Émaillée de dessins humoristiques, constellée de jeux de mots, cette correspondance mélange les menus faits du quotidien et les événements officiels les plus importants, que l’auteur des Histoires comme ça raconte avec un formidable sens de l’exagération et du grotesque. Dans la plus pure tradition du nonsense anglais, il manie l’absurde et croque avec une délicieuse férocité amis et membres de la famille.

Il singe également la langue des enfants et tourne en dérision leur orthographe approximative. Qu’il parle de la réception du prix Nobel ou d’un voyage en grandes pompes au Canada, il a le sens du détail qui fait mouche, trouve toujours l’élément qui fera rire ses enfants, surnommés affectueusement « le vieil homme » et « l’oiseau », et qui leur fera oublier aussi l’ennui et la rigueur du pensionnat – Kipling ayant lui-même connu une douloureuse période dickensienne dans son enfance, il faut peut-être y chercher cette capacité d’empathie paternelle qui le caractérise. Mais ces lettres à l’inventivité affectueuse et joyeuse pourraient n’avoir qu’un intérêt anecdotique, si on ne les savait encadrées par deux drames : la perte prématurée de deux de ses trois enfants.

Le choix de Thierry Gillyboeuf, sa présentation et sa traduction rendent merveilleusement le charme de cette correspondance qui porte en elle le « secret d’enfance magique de la vie ».


Ouvrage édité avec le soutien de la Fondation d’entreprise La Poste.

Fondation La Poste
Image de couverture de Mes petits chéris
Collection : Littérature étrangère
mars 2017
100 pages - 17 €
Avec des dessins de l’auteur
ISBN : 9782363081315
9782363081315

Lire un extrait

Mes petits chéris

Thierry Gillybœuf, Rudyard Kipling

Bateman’s, Burwash, Sussex
30 novembre 1908

Cher vieil homme,
Ta dernière lettre est encore plus affreusement mal orthographiée que d’ordinaire ; j’espère juste que c’est parce que tu as chahuté avec Bingham au lieu de regarder dans le Dictionnaire. (Si j’étais toi, je marcherais enchaîné à au moins trois dictionnaires, comme une suffragette à la grille des Ladies). Pourquoi est-ce que tu ne peux pas écrire correctement ?
Es-tu malade ?
Es-tu sous-alimenté ?

Tes chaussures te font-elles mal ?
As-tu suffisamment desserré ton gilet ?
Alors pourquoi Dyable n’écris-tu pas sans faire de fautes ?????????????????? Ne t’en fais pas. Une quinzaine de jours après avoir reçu la présente (unberufen ! unberufen !) tu fileras à la maison à bord de la voiture.
À ce propos, j’ai obtenu de Daimler Co. qu’il nous envoie une de leurs nouvelles voitures pour l’essayer vendredi. C’est le modèle « Brighton Landaulette », censé être pratiquement silencieuse. Nous verrons *, comme disent nos amis français.
Mère va beaucoup mieux. Elle est sortie dans le jardin aujourd’hui et a donné pas mal d’ordres. Elle n’a pas franchi d’un bond les échaliers ou les grilles mais a marché d’un pas ferme et serein. J’espère l’emmener faire un tour en voiture d’ici un jour ou deux.
Rien de neuf sinon que le temps joue à être printanier et que les stupides arbres bourgeonnent. Ils vont recevoir un sale coup quand l’hiver viendra.
Oiseau et moi avons planté un petit chêne ce matin. Miss Blaikie est contente que tu aies aimé sa lettre. J’espère que tu as écrit aussi soigneusement qu’elle. Combien de montres de plus veux-tu ? As-tu avalé la dernière ?

Affection de nous tous,
Toujours tendrement,
Papa.

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