Fantômes à Calcutta

Sébastien Ortiz

Livre épuisé

Fantômes à Calcutta est un texte à la croisée de plusieurs genres – carnet de voyage, fiction, roman-photo, anthologie – avec un fil directeur : les fantômes qui hantent Calcutta, ex-capitale de l’Empire britannique des Indes.

Le narrateur entreprend un voyage dans la ville où il a vécu dix ans auparavant, et se confronte au principe de spectralité, qui est l’écho, puissamment mélancolique, du passé dans le présent.

Il retrouve des visages et des lieux, recueille de multiples histoires de fantômes anglais, lit des textes sur le sujet, s’enfonce plus avant dans l’univers spectral de la ville, jusqu’à entendre la voix de celles et ceux qui ont inscrit leur existence dans cette cité « plus vaste que le monde » et y ont péri.

Dans sa structure, le texte fait écho à l’ambiance lente et méditative de la musique indienne, et notamment le râga Malkauns, qui, selon la légende, aurait la vertu d’attirer les fantômes lorsqu’il est joué à la perfection sept fois de suite.

Loin des stéréotypes généralement attachés à Calcutta, et s’appuyant sur son expérience personnelle, Sébastien Ortiz rend ici hommage à une ville à la profondeur humaine et historique exceptionnelle, nourrie de son glorieux passé, riche aujourd’hui comme hier de vie et de poésie, et qui restera, grâce à son exceptionnelle force d’âme, une des villes les plus attachantes du monde.

Avec des photos de l’auteur.

Image de couverture de Fantômes à Calcutta
Collection : Littérature française
janvier 2009
520 pages - 26 €
ISBN : 9782869598362
9782869598362

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Fantômes à Calcutta

Sébastien Ortiz

« Je m’appelle Cacultta. J’ai bientôt quatre cent ans. Je suis née du Gange qui me traverse et m’irrigue, et colle sa folie de boue contre mes palais. Mes fils et mes filles convergent vers le rives inclinées du fleuve : depuis l’aube jusqu’au crépuscule les nouveau-nés s’y font baptiser, les femmes s’y baignent pour obtenir la fetilité, les ascètes et les eunuques y trempent leur sagesse silencieuse, les mourants s’y purifient avant le Grand Passage, et les statues de terre y agonisent dans la liesse des pujas d’automne. Clippers et steamers chargés d’opium et de thé ont fait jadis ma richesse mais ils ne viennent plus. Seuls les flots boueux s’écoulent depuis les montagnes et traversent Bhatpara, Chandernagor, Serampur, Konnagar, Chitpur, et ils arrachent chaque fois un peu plus ma rouille, rabotent un peu d’avantage mes digues et mes murailles, et un jour viendra où ils m’emporteront tout entière dans l’embouchure où est la jungle, et alors je retournerais au marais d’où je suis sortie. Je m’appelle Calcutta et je suis née du Gange. »