Clara Malraux

L’aventureuse

Claude Kiejman

Préface de Jean Lacouture

Belle d’un intense regard persan et d’un charme qui émane de toute sa personne, Clara Goldschmidt, jeune bourgeoise d’origine judéo-allemande, rencontre André Malraux en 1921, et le séduit. Avec elle, surgira l’aventurier, et s’affirmera l’un des écrivains les plus prestigieux de son siècle.
D’Angkor au Vietnam, de la Perse à l’Union soviétique, ils découvrent ensemble la réalité coloniale, s’engagent aux côtés des révolutionnaires, s’enflamment pour les mêmes utopies et militent contre le fascisme. Mais peu à peu leurs relations se dégradent, et André quitte Clara après quinze ans de vie commune. Redevenue autonome, celle qui s’est engagée très tôt dans la Résistance milite, traduit, écrit livres et articles, voyage et s’engage pour de nouvelles causes : Israël et la paix avec les Palestiniens, la lutte contre le racisme, l’émancipation des femmes. Jusqu’à la fin - elle s’éteint en décembre 1982 -, Clara garde la conviction, gagnée dès l’enfance, qu’il ne faut jamais abdiquer.

Claude-Catherine Kiejman retrace ici, à travers de nombreux témoignages, la biographie d’une femme qui vécut pleinement sa vie, mais aussi celle de son temps. Plus de vingt ans après sa disparition, elle reste notre contemporaine, tant par ses interrogations que par ses combats.

Image de couverture de Clara Malraux
Collection : Littérature française
septembre 2008
240 pages - 17.5 €
Dimensions : 12,5 x 20,5 cm
ISBN : 9782869598263
9782869598263

Lire un extrait

Clara Malraux

Claude Kiejman, Jean Lacouture

« Nous avions joué un soir, chez elle, à un jeu absurde : trouver un mot, un seul, pour définir une personne : engagement pour Sartre, dextérité pour Mitterrand, alacrité pour Sagan, virtuosité pour Aragon, perspicacité pour Aron… S’agissant de Clara, je serai bien embarrassé aujourd’hui de choisir entre courage et ironie. Je choisirai pourtant le courage, ou mieux les courages.

Celui qu’il lui fallut pour surmonter la rupture d’avec la moitié d’elle-même, avec cet homme en forme d’épopée dont ne lui restait que le nom mais qu’incarnait quand même, à ses côtés, Florence ; celui qu’elle avait déployé face à l’horreur absolue dès 1933, dès la dévoration, par les barbares, du peuple de ses origines, du peuple de Lessing et de Heine.

Mais il y a bien des formes de courage. Faute d’avoir accompagné Clara dans ses combats les plus audacieux contre les nazis, comme l’ont fait Edgar Morin ou François Fejtö, je n’oublierai jamais ce moment où je marchais à ses côtés, j’oserai même dire à son bras, le soir de la mort d’André Malraux, vers le plateau de télévision où attendaient Roberto Rossellini, grand admirateur d’Espoir, le film unique mais admirable du chef de l’escadrille Espana, et le père Bockel, ancien aumônier de la brigade formée, à tous risques, par l’homme qui venait de nous quitter. J’avais trois ans plus tôt écrit un livre consacré à André Malraux, livre qui ne celait rien des escarmouches qui avaient émaillé la vie de ce couple intrépide, rompu vingt ans plus tôt. Mais où était, ce soir-là, la guerrière ? Rien n’était plus perceptible, dans ses yeux, dans sa voix, dans telle évocation, que l’amour.

Si Claude Kiejman a osé brosser ce portrait de Clara Malraux, c’est qu’elle n’a pas été seulement la voisine, mais l’amie de l’auteur de Nos Vingt ans. Ce qui la disposait à écrire ce beau récit, c’est un refus commun du conformisme et de la soumission, c’est un irrépressible espoir dans le caractère bénéfique de la « rencontre » – d’Ispahan à Mexico, de Gaza à Askhelon… »
Jean Lacouture